La réalisation du rêve : le travail du forgeron

Le périple de la réalisation d'un objet, grand ou petit est important. On ne frappe pas le fer chaud en espérant qu'on en tirera quelque chose, peut-être.

La page qui suit se propose de vous faire entrevoir l'ensemble de la démarche nécessaire à la réalisation des rêves des clients du forgeron.

Ça commence avec un dessin de la grandeur d'un timbre poste. C'est une allure que je donne, un air que je veux explorer.

Le timbre au centre en bas de la page de droite

Puis je double en ajoutant des détails.

Ce dessin est déjà à l'échelle,
dans le cadre qui recevra la grille

Je double encore.

J'y arrive...

Puis j'étudie des détails.

Le pied de la grille

Et après des rencontres avec le client, ça devient sérieux : dessin nettement agrandi (échelle 1/4), modification de la structure, choix du calibre des barres de fer qui seront utilisées, évaluation de variantes.

C'est le dessin de référence. C'est lui qui sera agrandi à l'échelle 1/1

Le dessin d'atelier apparait enfin.

Le livre sur la table donne une idée 
de la taille de la grille qui sera forgée

Ensuite, chaque élément du dessin est transféré sur du papier Craft.

En accomplissant ce travail,
on pense aux moines copistes

L'endos de chaque dessin sur papier Craft est frotté à la craie.

Tous les éléments dessinés et dument frottés à la craie sont prêts à déménager dans la forge. 

Le désordre guette cette jolie empilade

Dans la forge, le dessin grandeur nature surveille le forgeage de sa réalité.

On y est presque...
Reste le forgeage.

En traçant le dessin de la face du papier Craft sur une table de fer dans la forge, la craie à l'endos reste sur la table. Le dessin devient le gabarit auquel la pièce de fer doit se mouler. Dans le cas de la photo ci-dessous, l'ajustement du fer au dessin doit être très précis. C'est là que la grille sera retenue au plafond et au mur qui sont, eux, immuables.

Le fer, quand il est chaud se moule au  marteau
comme on moule de la plasticine avec nos mains. Cependant, il faut vraiment le battre quand il est chaud...

Ça marche.

L'ajustement est terminé.

Le forgeage terminé, on assemble les pièces. L'assemblage final se fait avec des rivets. Mais avant, parce qu'il y a toujours de petits ajustements à faire pour l'ensemble (une pièce suit les bonnes courbes mais elle n'est pas tout à fait droite sur un autre plan, etc.), on pré-assemble avec des boulons du commerce. Ceux-ci servent aussi à maintenir les pièces ensemble pendant le rivetage.

Le désordre de la recherche de l'ordre...

L'assemblage d'une grille de cette taille et de cette complexité demande l'utilisation de pas mal de moyens.

Un moufle à chaine
souvent mieux connu sous le nom de "chain block",
du contreplaqué pour représenter le mur et de plafond,
tous les moyens sont bons!

Enfin, c'est l'installation. Le pied de la grille est boulonné sur place avec des écrous que j'ai forgé en forme de champignon.

Des champignons au pied d'un arbre,
c'est normal...

C'est le pied!

L'installation de cette grille s'est faite sans douleur.

Je suis un grand admirateur du forgeron allemand Fritz Kühn. Un article que j'ai présenté sur lui plus tôt dans ce blog le démontre : http://yvescoutureforgeronferronnier.blogspot.ca/2012/06/fritz-kuhn-forgeron-ferronnier.html
Voici un système d'attache d'une grille à un mur et à un plafond que Kühn a réalisé.

L'élégance de la simplicité.

Je l'ai emprunté sans vergogne, par émulation.

Je suis toujours fasciné
de voir le fer prendre des formes organiques
entre marteau et enclume.

Pour l'attache au mur, j'ai forgé des boulons en forme de fleur.

Des fleurs, des feuilles 
pour tenir des branches

On aura bientôt une grille...

Les fenêtres sont aussi de ma fabrication.
Tout ce design, fenêtres et grille est inspiré
du travail des frères Greene à Passadena en Californie.
 Ils sont les auteurs de la maison Gamble.
http://www.usc.edu/dept/architecture/greeneandgreene/157.html

Et petit à petit, ...

la grille fut!

Voilà. On a marqué, créé un espace sans rien enlever à la fluidité du lieu.